ZONEMETAL

[Uldor]

Histoire de meubler un peu la page de Mastodon, je fait suite à Glo et à sa chronique du dernier album du groupe en chroniquant Blood Mountain...

A la dérive...

Après avoir sorti ces deux albums très remarqués que sont Remission (2002 )et Leviathan ( 2004 ), voilà que Mastodon signait un contrat avec la Warner, de quoi foutre les boules a certains fans qui auraient put craindre que le groupe se mettent à faire dans le tout commercial en écrivant de bon gros hits Hard FM à succès, ce qui aurait certes été vraiment con pour ce jeune groupe plus que prometteur...
Ceux-là, la sortie de Blood Mountain en 2006 leur à surement claqué le bec immédiatement...
Rien que la pochette annonce déjà la couleur, on a droit ici à un album flamboyant, exotique et psychédélique et pas du tout, mais alors du tout, simple d'accès. En plus d'avoir offert une sacrée bonne surprise, le combo d'Atlanta sortait cette année-là ce qui restera certainement comme son plus gros classique.

L'album est lancé d'emblée sur un gros sprint avec The Wolf is Loose, on entre tout de suite dans le vif du topo avec un morceau directe et efficace donc, dans la veine de ce que le groupe sortait auparavant mais en déjà vachement plus péchu et ambitieux : Growls massifs, riffs titanesques et rythmiques tailladées sorties de nulle part. Non mais sans déconner ce batteur est un sacré taré et il ne vous sortira quasiment jamais de structures classiques tout au long de cet album, uniquement des trucs jamais entendus et un peu décousues, rapides et avec démolition de cymbales en prime, qui donnent toutes cette dimension délirante au groupe. Sans parler du couple de chanteur formé par Brent Hinds et Troy Sanders, déstabilisant au possible et qui joue sur un sacré panel de registres différents, burné avec des growls massif, très chantant ( This Mortal Soil par exemple ) mais le plus souvent ça joue sur des voix vachement nazillardes qui là aussi donnent une patte immédiatement reconnaissable au groupe. Les riffs sont tout simplement géniaux, on superpose électro acoustique et distorsions pour un résultat vachement fouillé et diversifié, mélodique ( sleeping giant ) cristalin, catchy, couillu, atmosphérique et j'en passe. On en vient à se demander qu'est ce que le groupe ne serait pas en mesure de jouer. De plus la production de l'album est en béton : tout les instruments se distinguent à merveille, y compris la basse ( très efficace ). Le groupe joue unis, pas de mise en avant de qui que ce soit, c'est tous ensemble tout le temps et c'est très agréable, particulièrement avec une écoute au casque.

Le groupe joue donc à merveille et impose son style inimitable, et de plus il est ici dans un bon gros trip, comme je l'ai dit plus haut, c'est même vachement psychédélique, parfois très orientés 70's : certains passages sont vraiment planant et épiques, mention spéciale d'ailleurs à ce merveilleux morceaux qu'est Sleeping Giant qui s'ouvre sur une superbe mélodie, un peu entêtante, avant de laisser place à ce refrain plus énervé puis à nouveau à la mélodie et à un solo inoubliable. Si le morceaux se trouve être le plus accessible de l'album dans le sens où la composition est un peu classique ( couplet/refrain/solo... ) il n'en reste pas moins merveilleux et préfigure déjà ce qui sera fait sur l'album suivant : Crack The Skye.
A part ça, cet album, on le savoure un peu comme si on regardait un Indiana Jones défoncé. Pour ma part je n'avais jamais entendu un album aussi aventureux, rien que le choix des invités donne le ton : Josh Homme de Queens of The Stone Age, Scott Kelly de Neurosis et Isaiah Owens de The Mars Volta, trois formations d'horizons très différents. Ainsi Blood Mountain c'est un mélange entre Stoner, Psyché, Heavy à tendance prog'. On nage entre rêve, puissance, délire, mélodies et aventure. L'album n'est d'ailleurs pas très évident dès le début, on a parfois l'impression que ça part un peu dans tout les sens, dans des incartades que le groupe assume pleinement ( qui n'a pas pensé " WTF ? " en écoutant Bladecatcher franchement ? ). Faut parfois s'accrocher sévère tant certaines pistes sont complexes, mais d'un autre coté on aime s'y perdre tant c'est confortable et dépaysant et mine de rien les pistes s'enchainent toutes seules. Et le plus fort c'est que malgré toutes ces expérimentations, toutes ces évasions et toute sa variété, Blood Mountain à une putain de consistance, l'ensemble de ces morceaux forment un tout, un bloc incassable dont il est assez difficile d'extraire ne serait-ce qu'un morceau ( si ce n'est Colony Of Birchmen et sont superbe riff d'intro. )

Le groupe a pris avec Blood Mountain un tournant plus que casse-gueule mais il s'en est à mon avis foutrement bien sortis, il en ressort même plus fort que jamais, et désormais plus rien ne lui semble impossible, les cieux et la stratosphère lui sont accessibles... il est à la dérive, libérés de toutes ses amarres et on lui souhaite bon vent.

Enjoy !