ZONEMETAL

[Schakal]

Calvin & Hobbes


Les plus vieux d'entre vous se souviennent peut-être de Tygers Of Pan Tang, le groupe qui aurait du mais qui n'en a pas été capable. Du quoi ? Exploser littéralement. Nous sommes en 1981, la New Wave Of British Heavy Metal (NWOBHM) bat son plein, Saxon, Iron Maiden et Def Leppard sont déjà considérés comme les leaders de cette scène, Sansom vient d'être mis out par Rod Smallwood, manager de la Vierge de Fer et qui voyait en ce groupe la seule réelle concurrence pour son poulain - ce qui l'amena à convaincre leur chanteur, un certain Bruce Dickinson, de rejoindre son écurie. Les Tygers Of Pan Tang, eux, se posaient comme un sérieux outsider. Déjà responsable d'un Wild Cat en 1980 et qui avait eu son petit succès. Surtout, cette formation avait l'avantage non négligeable de ne pas avoir eu à écumer l'underground anglais, ayant été signé immédiatement par la maison de disque MCA, une major.

Après Wild Cat, le groupe recrute un certain John Sykes à la guitare puis se séparera de son chanteur pour le remplacer avantageusement par Jon Deverill pour l'enregistrement de ce Spellbound. Le nom du groupe faisant référence à l'oeuvre de Michael Moorcock et de sa saga d'Elric, la pochette représente évidemment un tigre un brin agressif, qui décrit assez bien la musique finalement.

Car les Tygers Of Pan Tang haussent le ton sur cet album. Le rendu est bien plus direct, implacable dans sa démarche comme le prouve Gangland en ouverture, bien plus rentre-dedans que ce à quoi nous avait habitué la formation. Entre parenthèse, le morceau est bien plus réussi que celui de Maiden du même nom. Sykes s'impose à la guitare, incisif et fluide à la fois, il apporte une énergie live qui manquait un peu au groupe sur Wild Cat. Surtout, le tout se veut plus compact, plus racé. Pour décrire simplement la musique pratiquée ici, ce serait un habile mélange entre Saxon et Iron Maiden, le tout agrémenté d'une petite touche d'originalité et d'un chanteur impeccable, même s'il ne cherche pas la note la plus aigüe qui soit, capable de se faire velours le long d'une ballade bien foutue, agréable et que l'on fredonnera sans honte Mirror.

Tout juste si l'on peut reprocher à ce disque d'être trop court, et de ne pas toujours appuyer tout de suite là où ça fait mal. Ainsi, Minotaur prend des allures d'instrumental inutile avant un Hellbound criant d'efficacité. Le groupe est encore jeune, il manque encore un peu d'expérience, ce détail étant corrigé par la production limpide de Chris Tsangarides.

La bande de Robb Weir signe là son album le plus percutant. Mais à cette époque, les formations anglaises qui perçaient étaient un peu comme les équipes de seconde zone dans le football : quand un talent émerge, les grosses équipes se l'arrache. C'est ce qui arrivera à Tygers Of Pan Tang, qui aura trop vite atteint son apogée, qui se retrouvera incapable de renouveler la qualité de ce disque, par paresse ou par manque d'ambition. Il n'est donc pas étonnant que Sykes quittera le groupe un album plus tard pour rejoindre la belle cylindrée qu'est Thin Lizzy.


Note indicative : 8/10
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Je ne vous tuerai pas, mais rien ne m'oblige à vous sauver la vie.