Doc Chroniqueur Officiel

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Posté le: Sam Mai 19, 2007 11:00 am Sujet du message: Spock's Beard - Octane (2005) |
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As Long As They Ride
Rien que l’artwork est très soigné et extrêmement jouissif. La pochette d’Octane montre une pompe à essence qui porte le logo de Spock’s Beard ainsi qu’un gros 8. Un huit parce que c’est le huitième album studio du groupe. Huit aussi parce que l’octane est l’hydrocarbure qui possède huit atomes de carbone. Et si on se rapproche on peut lire « For use as a motor fuel only. CONTAINS LEAD ». C’était en effet l’album le plus lourd et le plus métallique de Spock’s Beard jusqu’alors. Réservé aux moteurs qui se nourissent à l’essence !
Le disque représente un cadran rond qui montre le niveau du réservoir d’essence. L’aiguille dépasse le F (« Full » : plein) : un disque qui a de l’énergie à revendre.
Spock’s Beard avait clairement quelque chose à prouver avec ce disque : qu’une formation peut survivre au départ brusque de son leader. Le moins que l’on puisse dire c’est que le défi a été largement relevé. Evidemment le style a changé. C’était Neal Morse qui composait tout auparavant. Avec Octane (2005), les autres membres ont enfin pu exprimer leur créativité musicale et renouveler l’univers du groupe. Spock’s Beard reste largement ancré dans le rock progressif, mais s’éloigne du mouvement classique pour un progressif beaucoup plus violent, plus sombre et plus détonant. Octane marque un virage total dans la carrière du groupe. Désormais, Spock’s Beard oscille entre rock prog et metal prog comme l’aiguille d’un cadran de vitesse, tout en restant très mélodieux. Leur style reste très particulier, très rythmé et profondément original.
Octane s’ouvre sur The Ballet of the impact, une des meilleures musiques du disque sinon la meilleure. Elle est articulée en trois parties, la première, épique, embraye sur une intro très puissante au mellotron auquel viennent s’ajouter guitares saturée, basse implacable, batterie jouissive, violons et cuivres. On a l’impression de se retrouver plongé dans un univers à la Sin City avec cette musique très sombre, très urbaine et en même temps très grandiloquente, qui rappelle évidemment l’intro de Watcher of the Skies de Genesis. La deuxième partie est très calme et très reposante dans son alliage planant de piano et guitare claire. Enfin, dans la dernière, le chant fait une courte apparition avant de se fondre dans un superbe solo de guitare final très pinkfloydien. Vraiment un morceau génial, un grand moment de rock prog, jouissif et sombre, magnifique et noir.
Nwc est une musique instrumentale très metal, et particulièrement bien faite. La basse de Dave Meros dispense un rythme implacable, froid et lourd, tandis que claviers (Ryo Okumoto) et guitares (Alan Morse) harmonisent le morceau. La technique instrumentale est parfaite, très carrée, parce que cette piste ne doit vraiment pas être facile à jouer.
De tout le disque, Surfing Down The Avalanche est la musique la plus metal. Le riff de basse frénétique défouraille sec. Le morceau n’en reste pas moins ancré dans le prog, avec plusieurs passages gigantesques.
Autre musique bien comme il faut : Climbing Up That Hill, où se mêlent guitares claires et saturées, force et calme. Le chant phénoménal de Nick D’Virgilio (qui est aussi le batteur) est vraiment superbe. Les couplets sont épiques, les refrains grandioses. Un très bon rock.
Enfin, As Long As We Ride est un énorme rock, de facture très classique, et très puissant. On y retrouve tout de même la marque de Spock’s Beard dans le passage central hallucinant et humoristique tellement il est décalé (avec ces canons si chers au groupe) et dans les refrains presques dissonants.
Je ne détaille pas les autres morceaux, il vous en reste sept à découvrir par vous-mêmes, d'une qualité plus inégale, mais tous intéressants.
La maîtrise des instruments est parfaite, chacun est un petit vituose dans son domaine, chacun se montre d’une créativité impressionante. Les riffs de basse (Rickenbacker) de Dave Meros sont plus qu’excellents. Nick D’Virgilio, sans doute le batteur le plus doué de sa génération, ajoute à son superbe jeu derrière les fûts un chant admirable et polyvalent. Les solos de guitares floydiens d’Alan Morse sont vraiment magnifiques sans être très complexes (pas du tout de frime à la Dream Theater). Quant aux claviers, mellotrons et pianos de Ryo Okumoto, ils officient à la perfection, en arrière fond créateurs d’ambiances sombres et inquiétantes, ou au premier plan solistes incroyables.
Le fan de musique progressive que je suis n’essayera pas de vous mentir : je suis autant passionné par la période Neal Morse que par cette nouvelle période ouverte avec Octane. Ce qui est certain, c’est que ce Spock’s Beard nouveau et son rythme effréné en convertira plus d’un. Ce prog est en effet moins hermétique que le prog classique Neal Morse (qui demandait d'avoir déjà été initié au prog), Octane est plus facilement accessible pour n'importe quel rockeur ou métalleux.
Leur style est très personnel : il est immensément plus émotionnel et plus humoristique qu’un Dream Theater, mois dépressif et plus rythmé qu’un Porcupine Tree, plus sombre et plus rock qu’un Flower Kings.
En 2006, avec l'excellent album éponyme, Spock's Beard continue dans la même lignée. Et on ne peut que souhaiter que cela continue.
Si l’indice d’octane mesure la valeur détonante d’un carburant, je dis : pari réussi. Evidemment il a quelques défauts, certains morceaux sont peut être un peu de trop, certains passages un peu répétitifs, mais dans l’ensemble, c’est un disque génialissime que je conseille fortement à tous. C'est accessible sans être plat. _________________ Votre ADN s'il vous plaît.
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