ZONEMETAL

[Sirius]

Ma découverte des années 70 est en train de me mettre à genoux et je me demande vraiment comment j’ai pu vivre sans tous ces groupes aussi aventureux que talentueux. La réponse est en fait assez simple, le mouvement progressif est un style infiniment plus varié et plus complexe que la plupart des combos que j’avais l’habitude d’écouter. Cependant je crois que mon éducation aurait été beaucoup plus facile si j’avais commencé avec ce cinquième album des cinglés de Van Der Graaf Generator.

En effet je pense que Godbluff est l’une des meilleures portes d’entrée au style, car si la simplicité est loin d’être de mise, l’omniprésence de thèmes accrocheurs au possible et le chant vindicatif et rageur de Peter Hammill (qui me fait parfois penser à Nemtheanga de Primordial !) facilitent grandement la tâche à l’auditeur habitué aux couches de distorsion et aux chansons reposant quasi entièrement sur des riffs de guitare.

N’allez pas croire pour autant que vous aurez affaire à un album de pop en 4/4 : si le groupe ne rechigne pas cette structure efficace en diable, il ne se prive pas pour autant de tout déstructurer et de brouiller les pistes avec moults contretemps, structures impaires et/ou à rallonge et autres variations. Et si les solos de guitare nombrilistes et longuets ne sont pas de la partie, c’est d’abord parce qu’il n’y a presque pas de guitare, mais c’est surtout parce que le groupe repose sur des thèmes pas forcément bourrés de notes mais à l’efficacité et, paradoxalement, à la complexité remarquables. Voilà clairement un groupe qui sait jouer sur l’économie de notes.

Pas de guitare disais-je ? Et non, et c’est peut-être la plus grosse difficulté de ce groupe, outre le chant assez spécial car très théâtral mais véritablement enragé : un flûtiste/saxophoniste, un claviériste et un batteur, voilà ce qui compose le Générateur et qu’on imaginerait plutôt retrouver dans une formation jazz (il y en a d’ailleurs des restes ici). Mais ne vous arrêtez pas à ce détail, car Godbluff est d’une intensité émotionnelle formidable, c’est un album magnifique, rageur ou étrange voire absurde (« C’est la musique d’Oggy et les cafards ! » dixit ma petite sœur à propos de « Sleepwalkers »…), et Hammill qui hurle à la vie à la mort sur des thèmes surpuissants…

Ce disque est tellement fort qu’il parvient même à me faire monter les larmes aux yeux (bien que la musique ne soit pas triste) et a un arrière-goût tenace d’éternité, d’intemporel et de rébellion propre à ces années-là, et tout ce qu’on voudrait, c’est savoir chanter pour être capable de hurler avec les loups et Hammill. Un chef-d’œuvre dantesque.

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The Undercover man, Scorched earth et The sleepwalkers ici: http://www.deezer.com/#music/result/all/van%20der%20graaf%20generator
Arrows ici: http://www.youtube.com/watch?v=bXryhDGUXPQ
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Pourquoi appelle-t'on une chanson à succès un tube? Sans doute parce qu'il est creux
Pierre Birabeau

[Uldor]

Merci pour la chro et les liens, je vais aller faire un tour de suite !

[Sirius]

Pas de problèmes, par contre je me rends compte sur les liens deezer proviennent du live de 2005, je croyais que c'était une compile. Même si ça reste de supers interprètes checke plutôt le reste sur youtube aussi.
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Pourquoi appelle-t'on une chanson à succès un tube? Sans doute parce qu'il est creux
Pierre Birabeau

[Uldor]

Ouais j'avais vu, mais c'est pas grave j'ai écouté les lives aussi.
En tout cas c'est pas mal, même si effectivement c'est pas réellement facile de rentrer dedans tout de suite, c'est un truc sur lequel je reviens à l'écoute sans problèmes et sans me lasser, une fois dégagé toutes les subtilités d'une telle musique on doit vraiment prendre un sacré plaisir !

[Doc]

Ah j'avais zappé ! Bien belle chronique pour un excellent disque !

Sur Godbluff (1975) c'est déjà la deuxième période du VDGG. Et c'est là où on peut comprendre que VDGG est basé avant tout sur le génie d'Hammill : Godbluff fait suite à plusieurs disques que les autres membres de VDGG avaient enregistré sans lui, et qui sont très loin d'avoir une qualité aussi élevée. Hammill revient et comme par magie on retrouve un VDGG au top.

Il y a une différence assez nette entre la période Godbluff, et la première époque du groupe, et je vous encourage à aller écouter des disques issus de la première période également.

Et pour finir évidemment les albums solos d'Hamill valent le détour (puisque généralement il est accompagné des membres de VDGG, donc finalement il y a peu de différences entre sa carrière solo et les albums du groupe). Et comme je fais toujours de la pub de bas étage, vous pouvez aussi tendre une oreille au disque Exposure de Robert Fripp (King Crimson) dans lequel est invité Hammill. (En retour Fripp est invité sur H To He de VDGG).
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Votre ADN s'il vous plaît.

http://philo.lapin.org

[Sirius]

H to He est en promo à la fnac mais j'ai déjà cinq cds à écouter plus 3 promos qui arrivent, donc pas pour cette fois. J'ai juste Pawn hearts autrement, très difficile à cerner mais une fois qu'il est apprivoisé, quel bonheur... (A plague of lighthouse keepers bordel)

Exposure il est dans la continuité de Crimson ? Là je me farcis Lark's tongue et ça arrache méchamment, sans parler de la qualité du son qui est du jamais vu o_o
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Pourquoi appelle-t'on une chanson à succès un tube? Sans doute parce qu'il est creux
Pierre Birabeau

[Doc]

Bah Exposure c'est un truc pour fans de King Crimson. En fait tu n'as que 4 ou 5 morceaux complètements originaux (dont l'éponyme Exposure) et puis après tu as tout une galerie de morceaux qui donneront plus tard naissance à des albums de King Crimson. C'est assez étonnant : tu as l'impression que tous les albums entre 1970 et 1990 c'est à chaque fois un morceau d'Exposure développé en une dizaine de pistes. Ca vaut le détour, donc.

Et puis Exposure est incontournable dans le sens où réunir Fripp (KC), Gabriel (Genesis), Hammill (Van der Graaf) et Daryl Hall sur un seul disque, ça reste unique !
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